Malvin Suarez et rachel Miaz

Il est faux de croire qu’en raison du grand âge on ne peut rien entreprendre

L’intervention des ergothérapeutes chez les seniors en situation de fragilité est aujourd’hui une nécessité pour favoriser le maintien à domicile. L’AROSS collabore régulièrement avec des ergothérapeutes du canton de Neuchâtel. Leur intervention permet aux bénéficiaires de profiter de propositions concrètes afin qu’ils puissent conserver, maintenir, développer leur capacité d’action malgré leurs difficultés ou handicaps.

Rencontre avec Malvin Suarez et Rachel Miaz de L’intervalle Ergo, deux ergothérapeutes itinérants qui se déplacent systématiquement au domicile de leurs patients.

 

Comment se déroule le premier rendez-vous chez une personne âgée?

MS : Quand l’AROSS nous demande de nous rendre au domicile d’un patient pour faire un bilan, les proches aidants sont souvent présents. C’est important, car ce sont les gestionnaires familiaux et ils font, à ce titre, pleinement partie de la chaîne de soins. Cela facilité également la première prise de contact.

RM : Quand nous arrivons, les patients et leur famille sont plutôt soulagés d’avoir du soutien. Mais nous ne devons jamais oubliés que nous sommes chez eux et qu’une certaine réticence est normale. Lors de la première rencontre, nous cherchons surtout à établir les bases d’une relation de confiance.

 

Quelle est la principale différence entre un patient âgé et un jeune de vingt-cinq ans?

RM : La situation médicale est souvent plus complexe car il vit généralement plusieurs maladies chroniques et sans une intervention bien coordonnée, son état peut rapidement se dégrader. Nous devons donc travailler en réseau pour maintenir la capacité d’action et le soutenir dans son élan.

MS : Nous devons aussi parfois combattre l’idée que la situation ne va pas s’améliorer. Il est faux de croire qu’en raison du grand âge on ne peut rien entreprendre. Cela demande de l’organisation, plus de temps qu’un jeune de vingt-cinq ans, mais on peut clairement intervenir sur la qualité de vie en travaillant sur des thèmes précis. Prenons l’exemple de quelqu’un qui ne sort plus. Est-ce par manque d’intérêt, une incapacité physique ou en raison d’une perte de lien social? Quand vous avez la réponse à cette question, vous pouvez trouver des pistes pour qu’elle retrouve l’envie de sortir.

 

A quel moment du parcours thérapeutique intervenez-vous?

MS : Nous intervenons à divers stades : après une hospitalisation, en transition avant qu’une personne emménage en EMS ou en appartement protégé, ou simplement dans le maintien à domicile. Quand l’AROSS nous demande d’aller au domicile d’une personne pour faire une évaluation, nous observons comment elle fonctionne dans son environnement, analysons ce qu’elle aimerait faire et lui proposons des pistes d’intervention.

RM : Le maître mot est « réseau ». Parfois, c’est l’AROSS qui nous demande d’intervenir et parfois nous suggérons au patient de contacter l’AROSS pour avoir une prise en charge plus globale. Ce qui est important c’est de mettre le patient au centre et d’évaluer ce qui est nécessaire pour préserver son projet de vie.

MS : Notre métier consiste à analyser la complexité des situations et à proposer des solutions. Mais à la fin, ce sont toujours les gens qui décident.